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dimanche 3 mai 2015

Psychanalyse et pédagogie, une tension fructueuse

Après un bref historique de l'histoire de la pédagogie ( "accompagner l'enfant vers les savoirs et vers la cité") et son lien avec le soin, Tristan Garcia-Fons (2008) propose une définition de  la psychopédagogie : "Dans cette perspective, la pédagogie devrait prendre en compte l'enfant dans sa globalité : c'est précisément l'objet de ce qui est s'est développé sous le terme de psychopédagogie qui recouvre un vaste domaine de pratiques et de recherches".

En s'appuyant sur la pensée Freudienne et de son évolution, il développe son propos pour nous aider à comprendre les inhibitions intellectuelles de certains enfants.

Au départ pour Freud,"l'éducation a pour but la transformation de la sexualité infantile : soumettre la pulsion sexuelle à des fins socialement conformes...C'est ici que Freud indique les trois voies possibles offertes à la pulsion de savoir : inhibition de la pensée, érotisation et sublimation".

Après 1910, changement de cap, l'éducation doit faire place au principe de réalité afin "que l'enfant supporte une certaine dose de déplaisir - le renoncement aux satisfactions pulsionnelles immédiates - en vue d'un autre plaisir..."

L'essentiel du principe éducatif échapperait aux éducateurs, les parents en seraient les principaux acteurs. L'apport de la psychanalyse permettrait aux éducateurs "de comprendre et excuser les réactions qu'ils rencontrent".

Freud distingue deux types d'inhibition :

- une inhibition pure : une inhibition de défense ou d'évitement,
- une inhibition symptomatique : de l'angoisse au symptôme.

La première permet d'éviter l'angoisse et permet de vivre dans la réalité socialement acceptable. Ce qui est inhibé n'est pas supprimé mais détourné ("bon nombre d'enfants dits "déficients" admis en établissements spécialisés relève très fréquemment de cette inhibition..."). Ce qui relève du symptôme (obsessionnel, hystérique ou phobique) disparait quand le symptôme est levé.

Pour Tristan Fons, les enfants reçus en CMPP présentent majoritairement une entrave à l'accès aux savoirs en lien avec leur "problématique œdipienne". Lorsque l'enfant entre dans la phase de latence, le désir d'apprendre est étroitement corrélé avec la curiosité sexuelle ("qui sert de stimulant», «motif essentiel de l'éveil de l'intelligence»), trois voies sont évoquées (à lire également dans cette thématique, l'enfant à l'intelligence troublée de Bernard Gibello, Dunod, 2009) :

- l'inhibition intellectuelle partage le sort de la sexualité refoulée,
- "le refoulé fait retour sous forme de pensée obsédante et d'érotisation de la pensée" (hips !),
- "la curiosité sexuelle se soustrait au refoulement et à l'inhibition par sublimation" (rehips !),

Il conclut par évoquer la situation de certains enfants qui bloquent dans les apprentissages et qui sont aux prises avec l'inhibition psychique :

- les performances scolaires satisferaient trop le parent ("enjeu de séduction incestueuse"),
- le fils par exemple, dépasserait le père  ("tuer symboliquement le père"),
- se contenter de peu, une réussite scolaire serait assimilée à un désaveu de la culture d'origine.

Enfin, il présente le cas des enfants qui "semblent avoir dépassé leur problématique œdipienne et dont le désir d'apprendre apparait intact, échouent de façon inquiétante comme si l'accès à la connaissance les menaçait réellement." L'interdit de savoir et les non-dits en seraient les principaux responsables. ( à lire également de Serge Boimare, l'enfant et la peur d'apprendre, Dunod, 2008).

Retrouvez l'ensemble de cet article :
Garcia-Fons Tristan, "Psychanalyse et pédagogie, une tension fructueuse" Exemple de l'apport de la psychanalyse à la compréhension de l'inhibition intellectuelle,
La lettre de l'enfance et de l'adolescence, 2008/2 n°72, p.19-24. DOI : 10.3917/lett.072.0019


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La lettre de l'enfance et de l'adolescence 2008/2






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